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Jean-Marc Janaillac a-t-il les épaules pour diriger Air France-KLM ?

Le PDG du groupe de transport multimodal va prendre la tête d’un groupe qui pèse quatre fois plus que Transdev, miné par des tensions entre Air France et KLM et un blocage du dialogue social à Air France. Ceci à l’heure où une nouvelle étape de la consolidation du secteur se dessine.

Jean-Marc Janaillac a-t-il les épaules pour diriger Air France-KLM ?
(Crédits : Reuters)

Le PDG de Transdev, Jean-Marc Janaillac, 63 ans, sera donc le prochain PDG d’Air France-KLM. Lui, qui dirigeait Transdev, un groupe de transport multimodal de 6,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires va diriger un groupe pesant 4 fois plus. En a-t-il les épaules ? Est-il armé pour diriger un groupe binational tiraillé par des conflits entre les Français d’Air France et les Hollandais de KLM? Est-il armé pour apaiser des tensions sociales qui enveniment Air France depuis 18 mois ? Pourra-t-il à la fois défendre les intérêts d’Air France-KLM dans les grandes alliances qu’il possède avec l’ogre américain Delta et les ambitieux chinois de China Southern et China Eastern et faire les bons choix capitalistiques à l’heure où une nouvelle étape de la consolidation du transport aérien se prépare ?

Choix externe ou interne?

Ceux qui le connaissent affirment que oui. Ses détracteurs pensent évidemment l’inverse. Ces derniers sont de deux ordres. Ceux qui lui nient toute compétence sérieuse pour diriger un groupe de transport aérien et ne voient en lui qu’une nomination politique en raison de sa proximité avec François Hollande avec qui il a partagé les bancs de l’ENA et de HEC, et ceux qui, tout en lui reconnaissant des qualités, estiment que pour diriger une compagnie aérienne avec succès, il faut disposer d’un long passé dans ce secteur très complexe. Et de citer ainsi le succès du patron de Lufthansa Carsten Spohr, recruté en interne ou de Willie Walsh, le directeur général de IAG, débauché en 2003 d’Aer Lingus, mais en oubliant aussi les réussites de Carolyn McCall, la patronne d’Easyjet qui dirigeait jusque-là un groupe de presse ou de Christian Blanc, le sauveur d’Air France entre 1994 et 1997, ou encore de Glenn Tilton, le DG de United Airlines entre 2002 et 2010. Si l’expérience dans le transport aérien semble être un atout incontestable, les échecs de personnes recrutées en interne sont également nombreux.

Profil solide

Même s’il ne vient pas d’une entreprise de transport aérien, Jean-Marc Janaillac présente néanmoins un profil solide.

„Il coche effectivement de nombreuses cases recherchées”, explique une source interne.

Il connaît en effet les transports pour avoir redressé Transdev entre 2012 et 2015, et possède même une expérience dans le transport aérien pour avoir été numéro deux d’AOM entre 1997 et 2000, dirigée par Alexandre Couvelaire.

Il connaît aussi le monde du tourisme pour avoir piloté le groupe de tourisme Maeva et l’organe de promotion de la France „Maison de la France”, et jouit d’une expérience de l’international indéniable, notamment des Pays Bas, le deuxième marché de Transdev après l’Hexagone. Transdev détient en effet une grosse filiale dans ce pays (Connexxion) qui était en difficulté quand Janaillac est arrivée à Transdev et qui a été redressée depuis. Il est par ailleurs vice-président de „l’Initiative franco-néerlandaise”, en charge d’animer les relations entre les deux pays. Enfin, dans le domaine social, Jean-Marc Janaillac  peut se targuer d’avoir su trouver une solution au dossier explosif de la SNCM.

„C’est un peu son fait d’arme, explique une source au sein de Transdev. Certes, depuis son arrivée en 2012, il a redressé l’entreprise, mais personnellement, il a surtout travaillé sur le dossier SNCM où il a dû ferrailler avec l’Etat, les actionnaires, la CGT Marseille, le repreneur… Jean-Marc Janaillac est courageux, je le vois réussir à Air France-KLM”.

Au sein de RATP Dev qu’il a pilotée de 2004 à 2012, Jean-Marc Janaillac jouit également d’une image positive. Ce sont cette fois ses capacités de développement qui sont mises en avant. „La boîte est passée de 20 millions de chiffre d’affaires à 800 millions durant cette période”, explique un ancien de la RATP.

Numéro 2 d’AOM

Quant à son expérience dans le transport aérien décriée par ses détracteurs, les personnes interrogées qui l’ont côtoyé chez AOM en ont plutôt une bonne image.

„J’en garde un très bon souvenir, confie à La Tribune Pascal Personne, à l’époque directeur du développement d’AOM et aujourd’hui directeur de l’aéroport de Bordeaux.  Il est arrivé à un moment compliqué de l’histoire de la compagnie, et a très vite compris la technicité du métier et les enjeux, notamment sa dimension internationale au moment où AOM cherchait à se faire entendre dans l’alliance Qualiflyer”. Et d’ajouter : „il était à l’écoute de ses équipes, et aimait bien aller en profondeur dans les dossiers.”

Même son de cloche chez une autre personne d’AOM à l’époque qui préfère garder l’anonymat.

„C’était quelqu’un de sympathique, à l’écoute de ses équipes, qui captait très vite, un bosseur, qui savait détendre l’atmosphère par ses blagues”.

Alors que ses détracteurs pointent la vente d’AOM à Swissair en mars 1999 qui a entraîné la déliquescence de la compagnie française, d’autres ne partagent pas ce point de vue.

„Il ne faut pas refaire l’histoire, à ce moment-là, le groupe suisse était considéré comme l’un des leaders de l’aviation”, explique un observateur. Si sa stratégie de prise de participations capitalistiques tous azimuts interpellait, personne, début 1999, n’imaginait que le SAir Group s’effondrerait comme un château de cartes deux ans plus tard.

Coïncidence ou pas, les personnes que nous avons interrogées semblent donc unanimes sur le compte de Jean-Marc Janaillac.

Néanmoins, certaines de ses qualités peuvent également être interprétées comme des défauts.

„Son sens du consensus, sa prudence, empêchent parfois d’aller plus vite”, explique un proche.

Des enjeux majeurs

Ces atouts seront-ils suffisants? Car les défis sont immenses.

Au niveau du groupe, il devra piloter avec des Hollandais et des Français qui se regardent toujours en chiens de faïence et devra composer avec Pieters Elbers, le patron à poigne de KLM, soupçonné par beaucoup à Air France de davantage jouer la carte de KLM que celle du groupe. Apaiser les tensions entre les compagnies et tenter d’intégrer enfin ce groupe sera donc une tâche ardue pour Jean-Marc Janaillac. Ses prédécesseurs s’y sont tous cassé les dents. Douze ans après le rachat de KLM par Air France, la forteresse KLM n’a jamais été aussi forte.

Toujours au niveau du groupe, il devra très vite rentrer dans les dossiers d’alliances.

„Une nouvelle étape de la consolidation du secteur va débuter, il ne faudra pas la manquer”, explique un observateur.

Entre la Chine, l’Asie du sud-est, les dossiers Virgin Atlantic et Etihad, le renforcement des positions en Afrique, et la coopération avec Delta, les dossiers ne manquent pas.

Pionnier en la matière en Europe avec le rapprochement d’Air France et de KLM en 2004, le groupe Air France-KLM s’est fait rattraper, puis distancer par Lufthansa et IAG, lesquels, grâce à une meilleure santé économique, ont pu mettre la main sur plusieurs compagnies. Si Jean-Marc Janaillac devait tarder à entrer dans les murs d’Air France-KLM (il doit arriver au plus tard avant fin juillet), la revue stratégique menée traditionnellement par le conseil d’administration chaque année en juin devra être reportée.

Tensions sociales à Air France

Au niveau d’Air France, Jean-Marc Janaillac devra trouver les moyens de redonner une dynamique à l’entreprise, complètement paralysée sur le plan social par les tensions entre la direction et les syndicats depuis 18 mois.

Les pilotes ont refusé le projet d’économies proposé en avril par la direction. Ils ont également refusé la proposition de la direction de faire appel à l’expertise d’un cabinet extérieur pour mesurer l’impact sur la rémunération des propositions des deux parties. La direction l’a néanmoins demandée au cabinet Accuracy, lequel a confirmé les chiffres de la direction. „Evidemment”, font valoir les pilotes.

Un accord avec les pilotes est nécessaire pour entraîner les PNC (personnels navigants commerciaux). Pour l’heure, les syndicats d’hôtesses et de stewards, dont l’accord sur les conditions de travail et de rémunération s’achève fin octobre, ne comptent pas non plus s’engager sur des efforts supplémentaires. „Nous ne lâcherons rien”, prévenait récemment le SNPNC.

Une grève à venir?

Jean-Marc Janaillac va-t-il hériter d’une grève des pilotes? Avec le refus des pilotes de signer de nouvelles mesures d’économies, le PDG d’Air France, Frédéric Gagey, qui conserve son poste, est tenté d’exiger des pilotes le solde du plan d’économies précédent, Transform 2015, censé s’être achevé fin 2014. Pour rappel, les pilotes n’avaient réalisé que 12% des 20% d’économies sur lesquelles ils s’étaient engagés.

En 2015, devant le refus du SNPL, la direction avait porté l’affaire devant les tribunaux et avait eu gain de cause. Pour ne pas polluer la reprise des négociations avec les pilotes en début d’année, elle n’avait pas appliqué cette décision de justice. Aujourd’hui, faute d’accord, elle n’exclut plus de le faire. Selon nos informations, la décision pourrait être prise ce mardi lors du conseil d’administration d’Air France-KLM.

Deux courants s’affrontent. Ceux qui poussent à la fermeté face aux pilotes pour pouvoir entraîner par la suite les autres catégories de personnels. Et ceux qui sont plus réservés, estimant qu’un conflit avec les pilotes pourraient casser une dynamique positive.

„Si la direction exige le solde de Transform, le SNPL déposera un préavis de grève. Faut-il prendre le risque de perdre 70 millions d’euros de chiffre d’affaires par jour de grève pour un accord qui ne génèrera que quelques dizaines de millions d’euros ?”, s’interroge-t-on en interne. Présentés le 4 mai prochain, les résultats financiers du premier trimestre s’annoncent excellents. À tel point que certains syndicats remettent en cause le plan de départs volontaires (PDV) prévus pour 200 PNC.

L’équation est toujours la même : comment préparer l’entreprise à résister demain à un prix du baril plus élevé.

Le SNPL prend acte

Ce lundi, le SNPL Air France est sorti de son mutisme et demande notamment que les équilibres entre Air France et KLM soient respectés. Dans un communiqué, son président Philippe Evain a déclaré :

Nous souhaitons que M. Janaillac sache, comme il a su le faire, semble-t-il, dans d’autres entreprises, redonner rapidement confiance à l’ensemble des salariés. L’un de ses principaux défis sera de définir, pour le Groupe Air France-KLM, une stratégie claire et ambitieuse, dans laquelle, notamment, la part originelle de la compagnie Air France sera restaurée. Les pilotes attendent de ce changement de présidence qu’il soit l’occasion d’affronter enfin les problèmes du Groupe en cherchant de véritables solutions et plus seulement des coupables.”

Avec quelle équipe, le nouveau PDG va-t-il diriger ? En arrivant à Transdev, il avait changé une bonne partie du Comité exécutif. A voir ce qu’il fera à Air France-KLM. Aujourd’hui, il peut en tout cas s’appuyer sur Pierre-François Riolacci, le directeur financier du groupe, qu’il a connu quand ce dernier occupait la même fonction chez Veolia, actionnaire de Transdev. Les deux hommes s’apprécient.

http://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/transport-logistique/jean-marc-janaillac-a-t-il-les-epaules-pour-diriger-air-france-klm-568568.html

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