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Dans l’immobilier, les jeunes raisonnent comme les vieux

En France, les jeunes veulent quasiment tous devenir propriétaires de leur logement. Comme leurs aïeux, ils souhaitent avant tout assurer leurs vieux jours, et se comportent en « bon père de famille ». Etrange paradoxe pour une jeunesse que l’on dit « entrepreneure » et prête à prendre des risques. Pourtant, en Allemagne, la jeunesse a un comportement totalement à l’opposé.

Quand il s’agit de propriété, les usages ne changent pas avec les nouvelles générations. La jeunesse reste en effet très attachée à l’achat d’un logement ou d’une maison. Une étude de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim) datant de 2014 indiquait en effet que « les Français de 25 à 34 ans sont déjà propriétaires à 42 % ». Et les 25-34 ans qui restent locataires auraient même, pour 92 % d’entre eux, l’intention de devenir propriétaires à terme, selon un sondage du réseau Guy Hoquet, avec l’institut CSA.

Cet état d’esprit tient principalement à deux raisons : les jeunes préfèrent rembourser un crédit plutôt que de payer un loyer, et ils veulent se donnent la possibilité de se constituer un capital afin de préparer l’avenir, selon la même enquête. Comme leurs aînés, les jeunes rêvent donc en grande majorité de propriété. Une aubaine pour les professionnels de l’immobilier qui tirent la plus grande part de leurs revenus du secteur de l’accession. Pour séduire cette jeunesse qui leur assurera la pérennité économique, ils s’adaptent. Le réseau Guy Hoquet vend par exemple une offre, dédiée aux jeunes, de prêt à taux bonifié, en partenariat avec le Crédit foncier. Une telle politique est nécessaire aujourd’hui, car plus que les autres catégories d’âge, les jeunes souhaitant acheter ont souffert de la hausse des prix de l’immobilier entre 1997 et 2011, qui ont plus que doublé sur cette période, sans que le niveau de revenus suive.

Par ailleurs, les lobbies immobiliers sont montés au créneau auprès du gouvernement pour que les conditions de financement du premier achat immobilier soient améliorées. Et ils ont obtenu un élargissement du périmètre du prêt à taux zéro (PTZ). En partie pour cela, les primoaccédants seraient de retour : le courtier Empruntis a récemment indiqué qu’en ce début d’année, le nombre de dossiers validés de financements immobiliers de primo-accédants était en hausse de 38 %.

La propriété, marqueur de réussite sociale

Cela va mieux, donc, pour les jeunes qui souhaitent acheter. Mais est-ce une bonne nouvelle pour l’économie française, à terme ? Pas si sûr… Un attrait poussé pour l’accession à la propriété peut en effet avoir des effets pervers. Plusieurs études économiques ont déjà traité des coûts de mobilité élevés qu’implique la propriété immobilière, et qui entraveraient l’efficacité de l’appariement sur le marché du travail. Une étude du Trésor datant de 2013 citait ainsi l’économiste Andrew Oswald, qui disait que « le coût de mobilité engendré par la propriété peut rendre les propriétaires qui ont un emploi moins enclins à chercher des opportunités plus intéressantes ou plus adaptées à leurs compétences », ajoute-t-il. Ce qui nuirait donc à la productivité globale de l’économie.

En outre, la productivité des propriétaires serait aussi affectée par la baisse de leur bien-être au travail, car ils « ont tendance à accepter des temps de trajets domicile-travail plus importants, ce qui accentue la congestion sur les réseaux de transport ».

D’ailleurs, le fait que 63 % des 18-40 ans engagés dans une démarche de primoaccession rêvent d’une maison ou d’un pavillon – des biens peu nombreux dans les centres urbains, là où l’emploi se situe le plus souvent – tend à confirmer les propos de l’économiste. Il peut par ailleurs être dangereux que des ménages modestes soient prisonniers d’un achat immobilier. Car si le marché de l’emploi se retourne dans leur secteur, ils seront alors très peu mobiles pour retrouver un autre emploi dans une autre région.

Outre-Rhin, les Allemands ont par exemple très bien compris cette problématique.

« Contrairement aux Français, les Allemands de moins de 40 ans sont peu attirés par l’achat, ils voient cela comme un frein à leur mobilité professionnelle, un critère prépondérant pour eux », note François Gagnon, président de Era Europe immobilier. « Ce n’est qu’après la quarantaine que les Allemands deviennent intéressés par l’accession à la propriété dans l’optique de s’assurer un pied-à-terre pour leur retraite », ajoute-t-il.

En France, le logement pour la retraite est une sécurité que les jeunes souhaitent acquérir au plus vite. Mais ils sont aussi 88 % à vouloir devenir propriétaire par souci de fierté, selon un sondage Guy Hoquet/CSA. Qu’on se le dise, pour la jeunesse française, l’accèàs à la propriété est plus que jamais un marqueur social et de réussite. Des objectifs antinomiques, certes, avec l’appétit pour la prise de risque d’une génération étiquetée d’« entrepreneurs ». Cette jeunesse craint en réalité l’insécurité financière et préfère assurer ses arrières. On peut la comprendre : avec un taux de chômage de 10 % en France et une précarisation croissante de l’économie, des mauvais jours ne sont, à l’avenir, pas à exclure.

http://www.latribune.fr/vos-finances/immobilier/dans-l-immobilier-les-jeunes-raisonnent-comme-les-vieux-570143.html

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